Jean Rameau, poète et écrivain landais



Autoportrait à l'huile - 1922

Laurent Labaigt, dit Jean Rameau, est né d’une famille paysanne le 19 février 1858 à Gaas, petit village des Landes, et mort le 21 février 1942 à Cauneille, village voisin où il construisit de ses propres mains sa maison du Pourtaou dans laquelle il vint se retirer après la disparition de son fils et de sa femme.



La Roseraie du Pourtaou

 Sur une colline voisine, il édifia une gloriette qui devint son mausolée.


Il monta à Bordeaux pour faire ses études puis Paris l'attira. Il devint membre des Hydropathes (ceux que l’eau rend malade). Il écrivit avec succès 60 romans, 5000 contes et 7 recueils de poèmes qu’il déclamait dans les salons bourgeois parisiens, tous le plus souvent inspirés par son pays natal.

L’ACACIA


Le svelte acacia pavoisé de fleurs blanches
Titube dans la brise et semble ivre de mai ;
Il présente au ciel bleu son long rire embaumé
Et fait de verts saluts à l’homme avec ses branches.

Or, l’homme prend sa hache et frappe l’arbre cher,
Et la hache s’abat, rythmique, lourde, sûre,
Et les éclats de bois volent sous sa morsure
Comme de grands lambeaux sanguinolents de chair.

Alors l’arbre odorant regarde l’homme lâche :
Il tressaille, il frémit comme un humble sureau ;
Puis, grave et magnanime, il jette à son bourreau
Une averse de fleurs pour chaque coup de hache.

Et, de mon front tremblant, ces strophes de langueur
Tombèrent, un matin de tristesse infinie,
Pour honorer la femme implacable et bénie,
Dont j’ai senti la hache ensanglanter mon cœur.


(La Chanson des Étoiles)



Pour lui, mon humble poème :

La gloriette

Sous la tonnelle de glycine

Comme un doux rêve je dessine,

Ô brave Jean :

Aller revoir la gloriette

En chantonnant une ariette

À la Saint-Jean.

 

Depuis Paris jusqu’en Gascogne

Ton vers est doux pourtant il cogne

À mon tympan,

Tant va la lyre de ta muse

Quand la mienne n’est que camuse,

Si loin de Pan.

 

Lorsqu’on t’apprit chez les Hirsutes*

La mort du fils au cours des luttes**

Dans ses vingt ans,

Tu t’en vins aux Landes natales

Pleurer en rimes ermitales

Tous les printemps.

 

Sous le kiosque de musique

Je lis son poème classique

Aux fleurs d’antan.

Du rameau jusqu’à la rivière

Il embrume un peu ma paupière,

Mais il m’attend.

  * Bar d’artistes du boulevard Saint Michel à Paris que fréquenta longtemps Jean Rameau et où il fit les déclamations de ses premiers vers.

** Le fils de Jean Rameau est mort à la guerre de 14.


Parc Jean Rameau à Mont-de-Marsan - Kiosque





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